dimanche 7 octobre 2012

992 : samedi 6 octobre 2012


J’attends Yseult. Elle doit me rejoindre dans quelques instants. Elle surgira dans cet horizon intime et hasardeux qui m’inspire. Son visage comme un soleil déchirera les imprécisions alentour. Alors non seulement je serai incarné mais l’endroit où je me tiendrai ne sera plus ce non-lieu ondoyant mais l’endroit de la rencontre amoureuse. Et je serai un peu abîmé. Parce qu'Yseult me met en présence de moi-même avec une intensité telle que je me brise comme un contenant trop plein, que je me déchire comme un drap trop tendu. Et je serai heureux. Car, malgré cette douleur (ou grâce, en autres choses, à cette douleur), je me sentirai vivant, terriblement vivant. Ce sommet de ma joie, je l’atteindrai dans la conscience de son visage qui me regarde avec tendresse et dans l’affirmation de ma croyance en la gratuité de notre amour. Je le lui dirai. Je lui dirai que je crois que notre amour est gratuit. Je lui dirai que nous n’avons strictement rien à payer pour lui. Je le lui dirai. Elle sourira et m’embrassera sans doute. Prenant ma main, elle m’entraînera dehors, encore une fois. Et je lui dirai oui.