lundi 16 avril 2012

865 : dimanche 15 avril 2012

Les Métonymix ont souvent le ventre plus gros que les yeux.

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Annie Veleaude est en mission. Ses yeux noirs se rétrécissent à en disparaitre au milieu de son visage boursoufflé. Un peu essoufflée, un peu rouge, encore une fois elle peste contre l'inexistence d'ascenseur, encore une fois elle regrette les excès de la veille. Avant-hier les madeleines de sa voisine, hier une boîte de chocolat envoyée par un client. Annie Veleaude arrive enfin au dernier étage. Il faut qu'elle trouve sa stagiaire, il faut, surtout, qu'elle trouve une raison d'être mécontente. Annie a faim de la terreur qu'elle sème au fil du couloir, des petites jeunes tremblante lui donnant de l'importance. Elle sourie, toujours, et susurre ses mots terribles d'une voix chantante.

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Excavation On a creusé la Terre des mois durant. D’épaisses tranchées qui nous mèneraient par-dessus les vallées. Johnnie disait toujours, les yeux brillants, avec sa bouche édentée de vieux cowboy, qu’il ne fallait pas s’en faire, que ça serait bientôt fini. Il disait que là-bas, les hommes s’habillent d’or et les femmes sont belles comme des sirènes. J’avais fini par sourire de sa naïveté, il me faisait de la peine autant qu’il me donnait espoir. Comment lui dire que là-bas aussi, sous le brûlant des soleils, les hommes sont seuls. Parfois je m’imaginais que Johnnie avait connu le Klondike, il faisait partie de ces êtres sans âges qui sont probablement soit des fantômes soit des anges condamnés à errer çà et là. Peut-être qu’il était la réincarnation de Jack London, je n’ai jamais trop su, mais je crois que s’il avait compris ce que cela signifiait il aurait été un fervent socialiste. Il faisait partie de ces humains qui, agissant égoïstement dans le seul but de satisfaire leurs désirs, finissent toujours par semer le bien autour d’eux. Parlez-moi d’une malédiction.

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Il y a parfois des silences entre eux. L'air devient assourdissant et le tympan de Georges panique et bourdonne. Il la regarde telle une mouche prise au piège, se demande comment s'en sortir. Elle le fixe de ses yeux délavés, à table souvent, laissant un filet de jus rouge couler sur la commissure de ses lèvres tandis qu'elle tient une flûte de champagne de sa main gantée. Puis, elle éclate de rire en secouant ses boucles blond-jaune. Tout à coup Georges renait, un peu inquiet et en vertige, sans tout à fait comprendre.