dimanche 11 décembre 2011

744 : samedi 10 décembre 2011

Dans une quasi-obscurité, à une centaine de mètres de la porte Est du village des Hules. La petite fille faisait plus de tapage dans le minuscule étang qu’un troupeau entier de jeunes hippopotames semoncés et corrigés par leurs parents. Elle chantait aussi, comme si personne ne pouvait ni la voir ni l’entendre, osant des formes sonores qu’elle sculptait pour son unique plaisir, des mots dont le sens tenait tout entier dans la suite des bruits-souffles-timbres qui les contenait. De temps à autres elle disparaissait dans l’onde et ne surgissait à nouveau à la surface de l’eau que lorsque celle-ci avait retrouvé son immobilité virginale. Percer alors cette étendue immobile, cette membrane presque imaginaire entre le ciel et la matière dense et fluide de l’eau, faisait jaillir en elle une joie sauvage qu’elle ne cherchait en rien à contenir. Tout au contraire elle la laissait exploser en cris retentissants, à la fois violents et denses. Et ce vent d’allégresse faisait frissonner la ramure des arbres qui entouraient et masquaient l’étang jusqu’à en frôler sa surface.