samedi 3 décembre 2011

736 : vendredi 2 décembre 2011

Est-ce en raison de sa phobie des ascenseurs que Léon manqua terriblement d’ambition ?


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Ce serait un jour clair, presque transparent, et nous irions sous un bleu de vierge florentine, que des lambeaux de nuages blancs, effilochés et légers, auraient parcouru paresseusement, si paresseusement que leur mouvement ne serait perceptible que pour les rêveurs en longue contemplation.


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La lame d’un couteau est moins émoussée que les jours.


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La bête était allongée sur le flanc droit. Lorsqu’il l’aperçut, Tamel crut tout d’abord quelle était morte. La gueule à demi-ouverte, immergée dans une petite flaque de sang, le ventre largement ouvert d’où sortait une partie des entrailles. Pourtant l’animal respirait bien que faiblement. Son poitrail se soulevait lentement puis se vidait sans bruit encore plus lentement du peu d’air dont il s’était empli. L’enfant s’approcha. Il vit que l’agonisant avait planté son regard dans le sien.Tamel reçut alors un déluge d’images qui se précipitèrent au fond de sa tête puis s’y déroulèrent comme les restes d’un rêve : Les petits, joyeux, exubérant, qui se chamaillent au milieu des champs de maïs. L’un d’eux qui fait mine de se sauver et se met à courir dans la direction de la route. Les autres qui le suivent. Et la mère qui pressent le danger et se lance à leur poursuite. Le bruit – cailloux, bois sec, galop d’au moins six chevaux – puis l’énorme roue du chariot. Les petits qui s’enfuient au-delà du fossé, terrorisés par le vacarme, sans avoir vu le choc funeste.


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Le grand baraqué au brassard rouge, Bastonnerre, surgit auprès de David. Celui-ci demande comment s'est passé sa soirée, l'autre répond bien, j'ai continué la préparation du service d'ordre, regarde, il sort un carnet de sa poche, l'ouvre au milieu, lui met sous le nez. Des schémas griffonnés: - Tu vois, là c'est les entrées de secours, faut absolument rajouter deux camarades de chaque côté, au minimum. On m'a dit que les totos allaient se ramener foutre le bordel. Si jamais on doit évacuer, faut être prêt, et pour le moment c'est léger. On est flottant. Le moyen ne peut être justifié que par la fin. Mais la fin a aussi besoin de justification. Qu'est-ce t'en penses ? David fixe avec attention le carnet: - Bien vu, parle en à Clémence, après tout, c'est elle la responsable de la sécurité ce soir. Tu sais où elle est ? Bastonnerre sautille d'un pied sur l'autre et le visage impassible: - Ah non, pas du tout. Pas la moindre idée de ce qu'elle fout. Hier, leur première nuit ensemble, collés, de la douceur de sa peau, évidemment qu'il lui a parlé, plus qu'un peu, pas des sorties de secours. Mais le dire à son meilleur ami, le mec officiel de Clémence, c'est pas le moment. Malgré toutes leurs théories sur l'amour libre et le droit des femmes blablabla, pas sur que ça passe. David dit : - Possible que tu la trouves dans la loge, y avait des problèmes avec le groupe anglais. - Ok j'y vais, fait Bastonnerre avec un sourire en biais, j'en profite pour ramener des brassards. Faut qu'on en ait tous, c'est la troisième règle pour ce soir, qu'on soit tous repérables, et cette fois, je ne laisse pas passer un camarade qu'a pas son brassard. Dans l'Art de la guerre, ils disent qu'exhiber tous les signes de l'unité de l'armée, c'est déjà un pas vers la victoire. Vu les gus qui vont débarquer, on se doit d'être irréprochable. A grandes enjambées, Bastonerre passe devant la scène, soulève le rideau qui mène aux coté jardin, laissant David seul.