lundi 28 novembre 2011

731 : dimanche 27 novembre 2011

Que savent-ils des chapeaux ronds, les Mexicons ?

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Dans mon rêve c'était une fois encore un mur, solide et rude, marqué par les ans, portant traces d'ouvertures anciennes ou projetées et abandonnées, d'arcs écroulés qui s'y étaient appuyés, mais sans anarchie, structuré, chaîné, grands blocs taillés et maçonnerie de remplissage de belle épaisseur, semblait-il. Et il était doré par un feu, ou le coucher du soleil, ou le rêve, et sa rudesse était adoucie, rendue fuyante et un peu trouble par les larmes que je versais. Sur l'appui d'une grande baie condamnée s'est posé un pigeon sombre, dressé sur ses pattes agrippées, aussi sévère qu'un corbeau noir - juste une petite touche d'hypocrisie – et il s'est mis à haranguer, d'une voix qui n'avait rien du roucoulement de miel sombre de son espèce, d'une voix cri, métallique, sèche et brève, avec quelques filantes pour marquer la fin d'une strophe, d'une sentence, d'un ordre. Il regardait vers la droite, mais je savais que c'était à moi qu'il s'adressait, et qu'il était important que je le comprenne. Mais, tendue, attentive et désespérée, ayant renoncé d'emblée et m'acharnant, je n'ai pu accéder au sens de ce discours, deviner le but, le sujet de cette ode, et je me raidissais, baignée d'une sueur froide.

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La serviette de la jeune femme est tiède de soleil et il s’allonge, serrant entre ses doigts les bretelles de son maillot. Elle se cache dans les dunes, dissimulant avec ardeur son corps aux seins humides, aux pointes dressées. Les sons légers chuchotent sur sa peau : les herbes sèches, l’eau sur les rochers, le vent parmi le sable... Elle s'approchera de lui en cintrant sa taille, en incurvant ses reins ; de la langue, il effleurera ses hanches, délicatement, longuement.

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(Elle criait, depuis plusieurs heures. Elle criait et personne n’entendait sa plainte rugueuse, parce que personne ne vivait dans ce temps dilaté qui était le sien. Aucune des créatures animales ou végétales qui occupaient la surface de son corps n’existait suffisamment longtemps pour qu’une seule des notes de son appel lui parvienne.). "Patiente un peu Chamouse, tous ces déchets, ces cadavres décomposés, ces excréments d’origines diverses, tout ce qui recouvre ta peau, presse tes chairs et te plonge en grande partie dans l’obscurité la plus totale, t’isolant de ton frère le ciel, tout cela n’aura qu’un temps. Bientôt tu pourras à nouveau sentir sur toi la chaude caresse du soleil, bientôt la terre, les plantes, les animaux et même les hommes auront disparu. Foi de Tamel ! dans peu de temps, à l’échelle de ta lente respiration, tout sera à nouveau calme et silencieux comme avant. Mais ne soit pas pressée montagne de Chamouse, peut-être regretteras-tu alors un peu, cette bruyante et envahissante compagnie ?"

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Armande ondule dans les couloirs, sa démarche est celle d'une chaloupe accompagnée du cliquetis de ses colliers et bracelets. Trop maquillée, trop souriante, trop imposante, l'arrivée d'Armand éteint le souffle frais de notre liberté. Avec elle s'immisce dans nos murs l'attente moite des tempêtes, Armande sourit, toujours, ses lèvres rouges s'élargissent sur ses dents si blanches, Armande me donne le mal de mer.