dimanche 30 octobre 2011

702 : samedi 29 octobre 2011

Il faut encore et encore apprendre à voler. C’est le mot d’ordre des Braviateurs. Apprendre à voler pour de bon, avec ses bras, ses jambes, son corps, à l’écart têtu de toutes ces machineries sophistiquées qui vont du costume de cire au Boeing A 320. Car tout est affaire de poésie et de volonté. Si des progrès notables ont été relevés en matière d’envol, aucun Braviateur n’est à ce jour parvenu à se maintenir dans l’air. Mais le renoncement n’est pas inscrit dans leurs gènes. Les Braviateurs vivent dans l’enceinte de canyons et aux flancs de montagnes dont ils parsèment les vallées, au fil du temps, de petites tâches rouges comme des haïkus.

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Tamel regagna le village deux jours après le passage du souffle, de cette respiration sauvage qui avait emporté avec lui tout ce que les Hûles possédaient d’images d’eux, de leur ancêtres et même de la moindre de leurs bêtes. Comme convenu, son frère lui laissa l’usage de leur corps et l’enfant vivifié par cette présence à lui-même se mit à déambuler à travers les rues. Chacun avait à lui raconter à propos de ce qui avait été tornade pour les uns, cyclone pour d’autres, cataclysme pour tous. On commenta particulièrement l’étrange rapt, chacun ayant à déplorer la perte d’une peinture, d’un dessin, d’un buste en terre cuite auquel il tenait tout particulièrement. Lorsqu’il eut échangé un mot avec tous – cela lui pris la journée entière – Tamel regagna la demeure de sa mère, un sourire aux lèvres et les traits du visage au repos. La main n’était parvenue à rien saisir d’autre que de la matière inerte. Et son action maladroite avait même rendu service au Hûles elle les avait débarrassé de leurs peaux mortes.

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J'étais perdue dans mon rêve, ballottée en lui, en ce magma de lumières et d'ombres, de verts feuillages, à moins que ce soient créatures ou objets autres, mais verts, apparaissant, disparaissant, revenant à gauche, à droite, en dessous, de grandes barres obliques, noires ou brunes, comme des branches ou des ferrailles, de grandes draperies claquant au vent abstrait. Il me semblait que j'allais m'y heurter ou que j'allais en être frappée, que j'étais toute attention dans l'évitement de chocs qui s'évanouissaient sans que je m'en sente victorieuse. Il me semblait distinguer dans une zone - ou simplement savoir qu'elle existait, cette zone - un calme, une assise, un carrelage, un sol, et que je serais sauvée, sans bien savoir de quoi, en l'atteignant. Je me suis réveillée avant.

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L'intime et le privé (bruissements. papier froissé) "Oh là ici aussi le radar en aurait des choses à détecter. Après... Les secrets c'est sacré," dit-elle, "faut parfois s'en méfier... Surtout ceux des autres. Mais si ça vous regarde... Si vous y êtes conviés. Pourquoi s'en priver ?"