dimanche 14 août 2011

637 : samedi 13 août 2011

Les Foliflors sont morts de rire. Il n’est donc plus possible d’en rencontrer.

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J'ai rêvé d'une nuit – un peu froid, un ennui, un vague bruissement – des petits rires dont on ne savait s'ils étaient pulsion de joie enfantine, ironie, d'une cruauté si candide qu'elle excluait tout réaction, sauf peut être une honte, ou simple plaisir de les émettre comme un petit tintinnabulement léger dans la fraîcheur – hésiter – se retourner, et elles étaient là; trois petites fées échevelées et dépenaillées, sans âge, dansant en rond – se sont arrêtées, se sont mises en rang, ont lancé un flot de mots rocailleux vaguement menaçants.


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Le cœur battant il vérifie ses mails plusieurs fois dans la journée et reste en alerte auprès de son téléphone cas de nouveau texto. Son cœur bat la chamade et il sursaute dans la rue en croisant de fugitives ombres lui rappellent l'absente. Il a prévu leur soirée de retrouvailles et aspire au temps qui passe... A 73 ans, Marcel est amoureux.


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Rencontre XXXVIII Claudine écrivait lentement, pour être sûre d’exprimer ce qu’elle ressentait. Son petit Léon dormait auprès d’elle, dans le joli lit qu’Innocent avait réalisé. Elle avait vingt ans aujourd’hui. Depuis peu, le jeune médecin lui avait confié une grande responsabilité : elle s’occupait à plein temps des enfants ! Elle en était heureuse, elle se débrouillait bien, ne comptant pas ses heures, y passant quelques nuits, à chaque fois que c’était nécessaire. Finalement, elle avait été soulagée qu’il ne reparte pas en Angleterre. Ils s’entendaient bien, même si quelque part elle regrettait Antoine. Sa femme les aidait aussi, quand Tom était à l’école. Elle savait faire beaucoup de choses et avait cousu de jolis rideaux pour écarter les mouches. Elle avait même renouvelé toute la literie, était allée à la ville pour trouver du tissu pour les draps. Maintenant, le dispensaire avait un air tout neuf ! « Je l’aime bien, tu sais, elle est très active et très travailleuse. Sauf que, parfois, je la trouve beaucoup trop sérieuse ! Je me demande si elle sait rire… », écrivait-elle à Aude. Elle racontait ensuite les progrès de Léon, sa façon de se faire comprendre, son air décidé, presque têtu quand il voulait quelque chose. C’était un bébé glouton, qui grandissait vite. Il ne supportait pas qu’on le mette à l’écart, il voulait participer à tout. Alors, elle l’emmenait souvent sur son dos…Ce n’était pas toujours facile avec son travail mais elle le mettait dans le bureau et tout le monde le connaissait, les enfants jouaient avec lui. Innocent en était très fier ! Lui aussi le prenait avec lui souvent. Dans ses bras, Léon paraissait si petit ! Ils s’étaient un peu disputés pour le prénom mais elle n’avait pas cédé : c’était sa façon à elle de ne pas oublier Léontine ! Et puis, ils auraient d’autres enfants ! « Ne t’inquiète pas, Aude, nous allons bien ! Tout est calme actuellement. Innocent travaille beaucoup, dis à Pierre qu’il a écouté ses leçons ! Il s’est mis en tête d’aider tous les villages alentour pour qu’ils aient aussi leur école et leur dispensaire. Et ça marche parce qu’il sait leur parler ! Alors, on met de l’argent de côté pour venir vous voir. Innocent répète sans cesse que Léon doit devenir un garçon instruit, qu’il doit connaître la France, mais moi, je sais bien que son rêve est d’aller voir la Tour Eiffel ! Dis-moi, est-ce que les enfants ont le droit d’y monter ? » Elle termina sa lettre en les embrassant tous et en lui demandant si elle avait des nouvelles d’Espérance qui n’était plus au village… Innocent venait de rentrer, il avait faim ! Elle cacheta l’enveloppe, lui demandant s’il allait à la ville pour poster le courrier. Il lui répondit qu’il irait le lendemain pour récupérer les médicaments qui venaient d’arriver et tout le matériel qu’il avait commandé. Il en profiterait pour rendre visite à ses frères, dans leurs collèges. Ainsi, sa mère serait rassurée. Claudine aimait bien la maman d’Innocent. Elle allait chaque semaine passer un moment avec elle… Elle ne pouvait plus travailler aux champs, c’était trop pénible, alors elle cuisinait pour les habitants du village et ses plats étaient délicieux ! Pour Léon, elle faisait des bouillies dont elle seule avait le secret. Le petit en raffolait ! Innocent avait dit que la naissance de cet enfant avait provoqué chez elle un torrent de larmes… Sans doute toutes celles qu’elle avait retenues depuis des années…