jeudi 4 août 2011

627 : mercredi 3 août 2011

Les Viramundos sont toujours en avance sur leur temps. Mais d’une minute à peine.

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Elle se glisse entre deux talus, roule dans un trou avant de se propulser derrière la carcasse d'une voiture. Son souffle est court, son cœur bat la chamade. Tout à coup, une ombre passe dans son champ de vision. Elle se plaque au sol et rampe sans prêter attention aux aiguilles de pins se fichant dans ses mains. Une détonation accompagnée d'une douleur soudaine à l'épaule met fin au jeu... Elle se relève en riant et quitte le terrain de paint-ball. "Je t'aurais à la prochaine partie !"


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Rencontre XXX Dans son grenier, Mathieu composait une mélodie au piano. Il avait attendu qu’Aude s’endorme, il était resté auprès d’elle toute la soirée. Les semaines précédentes avaient été exténuantes : entre les courses à la clinique, les rendez-vous quotidiens avec le médecin, les conversations avec son frère au téléphone, coupées la plupart du temps, l’inquiétude qui le rongeait, il n’avait pas vu les jours passer. Ce soir, enfin, ils étaient rassurés. Aude allait mieux, l’accouchement était prévu pour la fin de la semaine, le bébé se portait bien. Au pays des mille collines, les émeutes avaient cessé. Les doigts sur le clavier, Mathieu cherchait à transcrire l’air qui le taraudait depuis plusieurs jours. Il voulait quelque chose de doux, presque comme un murmure. Une musique qui puisse la bercer, la réconforter, lui transmettre tout l’amour qu’il retenait dans son cœur. Ils avaient failli la perdre ! Aude avait été hospitalisée en urgence, les yeux révulsés, secouée par des convulsions qui lui faisaient atrocement mal. A l’arrivée à l’hôpital, l’interne avait dit que le bébé ne respirait plus. Après l’affolement, le désespoir qui l’avait assailli, il avait marché de long en large dans les couloirs, jusqu’à ce que le médecin revienne lui dire que tout était rentré dans l’ordre. Il avait répondu très calmement à ses questions, lui certifiant qu’ils ne devaient plus s’inquiéter. L’enfant était hors de danger, la mère devait se reposer, il valait mieux la garder pour la surveiller pendant quelques jours. Ce matin, Mathieu avait ramené Aude à la maison. Elle savait qu’elle devait rester allongée jusqu’à la naissance. Ils désiraient ardemment cette enfant, tout était prêt pout l’accueillir. Mathieu se mit à jouer, les doigts couraient tout seuls sur le clavier. Il pensa alors à sa mère et formula un vœu. Il ferma les yeux et se revit tout petit, auprès d’elle, lorsqu’elle le laissait poser sa tête sur ses genoux. Elle lui caressait les cheveux, avec beaucoup de douceur. Ils étaient si proches…Elle lui manquait tant ! Il se laissa aller à ses souvenirs et sanglota comme un gosse. Saurait-il être père ? Aurait-il la patience, l’attention nécessaires ? Il était émerveillé d’entendre Aude parler à ce petit être qui allait voir le jour. Dans ces moments-là, il se sentait presque de trop, un intrus en quelque sorte…