mardi 24 mai 2011

556 : lundi 23 mai 2011

Peu de chances qu’un jour d’Emma n’émane un quelconque soupçon quant à Léon.

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C’était avoir un peu de mal à zapper entre les dossiers, compétence à part, simplement sentir s’entrechoquer mal les concepts, mélanger, être lent à démarrer, s’arrêter trop vite, se tromper d’e-mail, de numéro de téléphone, de chiffrage, de conseil. Décevoir beaucoup.


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Puisque ce n'était pas la saison du Gaperon – d'ailleurs on n'en avait guère vu à ce moment là – après une hésitation, à défaut de sa chair blanche, onctueuse mais pas grasse, au léger goût de noisette relevé par le léger persillage, ce serait bien honnête, modeste, franche, une tranche, assez épaisse pour ne pas s'effriter, de fourme d'Ambert – une tomme de chèvre de Lozère à la chair un peu grumeleuse qui tranchait par sa rusticité, promesse de saveur, dans le coin des pâtes dures – et tant pis pour le Saint Nectaire, d'ailleurs le dernier acheté ici avait été décevant – un demi coulommiers fermier qui pressait la petite barrière du film transparent dans son désir d'expansion et, après une hésitation, un Langres, petit cylindre à la croute molle, grasse, boursoufflée, d'un orange clair plein de gourmandise et, parce qu'ils étaient à côté sur l'étal, comme petits contrepoints, un des petits brebilles très frais, promettant d'être presque liquide, bien enclos dans son cylindre de carton et de papier plissé comme l'entourage d'un bouquet. Restaient les chèvres, qui s'étalaient par dizaines. Par lassitude, pour trancher à peu près à coup sûr, un banon très élastique dans son paquet de feuilles, qui ne durerait que le temps d'un repas, un petit carré de Dieulefit sanglé par sa ceinture de feuille clouée d'une brindille, un picodon très sec, presque disparu, et un frais légèrement cendré. Au moment de choisir entre les petits fromages frais aux raisins, où baignant dans une huile relevée, il a semblé que cela devenait vraiment excessif.


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Sophie éteint son téléphone et ordinateur, coupe le modem et la télé et s'enferme dans le silence planant dans son appartement. Elle ne veut pas savoir si Armand va enfin l'appeler, elle lui en veut de cette dépendance, cette attente la journée entière, les heures tristes sans nouvelles. Elle sait qu'il travaille, qu'il est occupé et qu'il aime son indépendance, et surtout qu'il faut qu'elle lui laisse son espace et la possibilité de lui manquer. Que c'est par ses absences qu'il fera un pas vers elle, c'est ainsi, telles sont leurs règles. Ce soir elle n'a pas envie de jouer, cette danse incessante la fatigue. Ce soir Sophie rêve d'une maison en banlieue avec un garage et une herbe verte qu'on tondrait tous les samedis, une existence banale et ennuyeuse mais aux apparences si apaisantes, sans musique, sans règles, sans danse.