mardi 10 mai 2011

543 : lundi 9 mai 2011

Notes préparatoires : contacter le constructeur automobile SEAT afin d’envisager un partenariat.

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C’était se réveiller au son enroué d’une réunion mal menée.

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Ils s’étaient tus, tous les deux. Elle, totalement vidée, adossée au mur, le regard fixe, raide. Lui, penché à la fenêtre, son éternel mégot entre ses doigts jaunis, agrippé à la rambarde, comme si son salut en dépendait. L’appartement était vide depuis longtemps. La vie l’avait déserté. La vie, cette putain de vie ! Elle leur avait tout pris. Jusqu’à la plus infime parcelle d’espoir. Il se retourna, ferma la fenêtre, traversa la pièce et la prit dans ses bras. Elle se laissa faire, à bout de force. C’est fini, fini, fini. J’ai l’air idiote. Il m’étouffe. Myriam ne pouvait plus penser. Son corps se mit à trembler, il la serra plus fort encore. Ne pas la lâcher, ne pas la laisser s’enfuir, surtout ne plus la lâcher, jamais ! Combien de temps restèrent-ils ainsi ? Lorsque le gardien les trouva, il faisait presque nuit. « Il faut partir, maintenant ! Allons, Monsieur, je dois fermer l’appartement. Monsieur ! » Bernard se secoua, fusilla le gardien du regard et entraîna Myriam jusqu’à l’escalier. Elle ne tenait plus sur ses jambes. Il la porta jusqu’en bas, l’assit sur la dernière marche puis, comme un fou, se mit à gesticuler, à hurler : un taxi ! Vite ! Un taxi ! Le chauffeur qui s’arrêta était très jeune et s’étonna de voir cet homme qui portait une femme dans ses bras. « Elle est blessée ? Je vais à l’hôpital ? C’est grave ? Monsieur, s’il vous plaît, répondez-moi ! » Bernard lui donna une adresse, le chauffeur démarra, un peu rassuré. Myriam avait les yeux clos, les lèvres blanches, de grosses larmes roulaient sur ses joues si pâles. Bernard examinait intensément ce beau visage, lui murmurait des phrases inaudibles, lui passait la main dans les cheveux, la massait, embrassait tour à tour ses mains, ses bras, son cou, ses lèvres closes. Le taxi s’arrêta, Bernard tendit un billet et descendit. Délicatement, il sortit Myriam de la voiture, puis la porta précieusement jusqu’au bout de la rue. Alors, le chauffeur, médusé, assista à l’étrange ballet d’un homme ivre de douleur qui dansait en silence sur la chaussée, un pantin désarticulé dans ses bras.


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Les lettres pleurent de ses yeux et les mots coulent et de ses doigts. Il dit adieu de loin de peur de fléchir face à son regard de biche et ses lèvres tristes et tentantes. L'encre lui est difficile mais nécessaire. Après tout, il est marié. La nounou de ses enfants ne devait être qu'une passade d'été, il ne pensait pas que dix ans après il en serait a payer son loyer et celui de ses parents. Il l'aime, mais il préfère son compte en banque et plus encore celui de son épouse...


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Recourir à la logique ne sert à rien contre la fièvre ; à l'évidence la fièvre est là tu trembles, tu transpires, la lumière écrase tout. Tout murmure devient cri. Ce bourdonnement sourd... Sommeil sans sommeil comme voué à songer. Dans la boîte crânienne la douleur sillonne. Longtemps tu attends. le temps se distend. La fièvre résonne de tout son poids sur la pensée, lourdement, lentement les images se déforment, leurs chemins se distordent. Tout ton être se voue à suer, à transpirer, pour évacuer. Tu te consacres à cette patience, douloureusement, tu implores le silence. La fièvre et ses reliefs : tu luttes, dans ta réalité fatiguée, tu y es forcé. Recourir à la logique ne sert à rien contre la fièvre.