mercredi 4 mai 2011

537 : mardi 3 mai 2011

Toute sa vie, Léon eut envie d’entrer dans une librairie afin d’avoir la réponse à cette question qui le titillait depuis longtemps : de la même façon que l’on parle couramment de veau ou d’agneau de tradition bouchère, existe-t-il des écrivains de « tradition éditoriale » ?


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C’était respirer une fumée qui ne déclenchait pas le système d’alarme. Passer un œil par la fenêtre guillotine, soulever le châssis inférieur, respirer l’air du dehors, qu’on voulait frais, puis rentrer vite la tête pour constater la différence, l’odeur âcre devinée sans savoir pourquoi, empoisonnée, les regards des uns et des autres, troubles, plus amusés qu’inquiets, interrogateurs surtout et se demander si, aujourd’hui, nous allions mourir ici.


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Le soir en repartant de ma visite je regarde l'horizon avaler le soleil, ce disque enflammé rugit dans le ciel pourpre et c'est beau. Je suis dans le train du retour, ma vue alterne entre des champs ondulants et des tours perdues dans la campagne. Je pose mon livre, je bois la fin du jour de mes yeux et de mon âme, dans un élan vers toi, si loin et pourtant à côté de moi... il suffirait que je tende la main... Je sais que tes yeux quelque part se réchauffent de ces feux agonisants et qu'une part de moi est près de toi. Ces dix minutes de ciel me remplissent de paix et allègent ma peine. Un jour tu quitteras tes barreaux, la société te pardonnera tes méfaits et nous prendrons ce train, ensemble, une dernière fois.


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Le vent incessant emportait mes pensées. Les yeux écarquillés par tant de beauté, j’en avais le souffle coupé. Tous ces verts, du plus tendre au plus foncé, offraient au peintre que je ne suis pas une délicieuse palette. En une journée, j’étais passée de petits mamelons qui dissimulaient de charmants petits hameaux aux Causses, lieux sauvages, presque déserts, où je me laissais envahir par les senteurs, les couleurs, l’extraordinaire qualité du silence. Le temps n’existait plus, seul le soleil rythmait la journée. Les mots s’étaient enfuis, j’étais muette, emplie d’un bonheur rare, totalement abandonnée, ivre de paysages, loin des tumultes, hors du monde.