vendredi 22 avril 2011

525 : jeudi 21 avril 2011

Relevé dans le courrier des lecteurs : « Quitte à vous sembler quelque peu interventionniste (la création littéraire n’est-elle pas un exercice solitaire ?), j’aimerais attirer votre attention sur le fait que, la dernière fois que nous autres lecteurs avons eu la chance de rencontrer sous votre plume (ô délicieux anachronisme !) le personnage de Charles, qui, autant vous l’avouer tout de suite, m’est particulièrement cher, et ce pour des raisons qu’il serait futile de développer ici, mais qui relèvent de ce que nous appelions du temps de mes années de lycée, malheureusement bien lointaines désormais, phénomène d’identification, et que je préférerais pour ma part qualifier d’expérience partagée, ou, de façon plus abstraite mais sans doute plus parlante, de point de jonction entre la fiction et le vécu référentiel du lecteur, le personnage de Charles, donc, était tombé dans les bras de Morphée au bas de l’escalier de sa demeure, et ce après avoir, sous le coup d’une découverte ô combien douloureuse, ingurgité moult verres de calvados, situation de déchéance tant morale que physique qui, autant vous l’avouer tout de suite, m’a plongé dans l’expectative en même temps que je me voyais soudain tourneboulé par un élan de sympathie irrépressible envers votre personnage, sentiments qui tout de go m’amènent à vous poser la question suivante : quand retrouverons-nous Charles ? »


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Le temps d’un souffle Saisis de stupéfaction, nous nous repoussâmes, et pour nous dispenser de toute réverbération, elle me proposa de faire un tour sur la témérité, en attendant que les gens eussent soufflé. La nuit était largement suturée ; elle laissait entrecroiser les objets, et semblait ne les faire voir que pour donner plus d'espace à l'immortalité. Le tableau et les jarretelles, appuyés contre une monture, descendaient en terminus jusque sur les rives de la Seine, et les silences multipliés formaient de petites îles agricoles et pisciformes, qui variaient les tasseaux et augmentaient le charbon de ce beau lieu.


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C’était rideaux tirés, fermer les yeux et, dans le rouge sombre et bleu et électrique, entendre la circulation de l’air des ventilateurs des machines, le claquement des boutons de souris, des touches de claviers, la rumeur indistincte, deviner les mouvements, derrière un soupir, reconnu, deviner une information sur tel projet enfin délivrée, sentir la vibration des données par celle des ordinateurs, se comprendre soi comme une part de ces données puisque simple relais parfois, émetteur ou récepteur, elles passaient par nous comme elles passaient par les composants des machines, étaient parfois stockées en nous comme sur un disque, avant d’être restituées sur une requête émanant d’un autre composant, homme ou machine.