mardi 22 mars 2011

494 : lundi 21 mars 2011

Relevé dans le courrier des lecteurs : « Nous donnerez-vous bientôt l’explication du fait que Félix Leclerc soit mort précisément le jour où Léon fêtait ses 36 ans ? »

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Ils étaient partis. Elle débarrassait, lentement, avec des arrêts pour tenter de retrouver des moments de la soirée. Elle était fatiguée, tension retombée, et le plaisir qui avait suivi, quand elle avait cru sentir que tout se passait bien, ce mélange de gens, les rares connus... — et elle qui avait si peu l'habitude de... — ce plaisir qui restait là, mais apaisé, s'évanouissait doucement. Elle était dans le plaisir de toucher, de manier ces pauvres trésors qu'elle avait réunis, assez pauvres et divers pour que l'ensemble soit sans apprêt, mais trésors, au moins pour elle, pour que ce soit un don inaperçu. Les assiettes de provenances différentes, unies par les oiseaux, et ce bleu et ce jaune qui se retrouvent de région en région — l'argenterie, et là elle était fière parce qu'elle aimait les rubans noués qui garnissaient ce modèle qu'elle avait imposé, pendant des années, à ceux qui voulaient lui faire un cadeau, et chaque fourchette, chaque cuillère aurait pu être un sourire, un visage, un moment, si en fait elles n'étaient pas toutes semblables — le simple paréo qui avait servi de nappe — les couteaux d'argent chargés, mais pas trop, qui étaient son arrière grand-mère d'autant plus chérie qu'elle ne l'avait quasiment pas connue — et ce qui s'était dit ce soir là, et la façon dont des sympathies semblaient s'être dessinées. Elle a fini par les verres, fait couler une première eau, entrepris la vaisselle en évitant de faire trop de bruit à cause des voisins, mais en chantonnant, faux, entre ses dents.


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C’était l’évidence de la date, le cliché de la saison, la banalité de la météo, l’incertitude du lendemain.


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Ses paupières sont closes, elle reste en boule sous les draps métisses frais et rugueux. Le jour peine à percer les rideaux, le sommeil tarde à la quitter. Elle entend sa maison se vider de ses bruits, la voiture dehors qui démarre, enfin, elle se déplie, jambes et bras loin d'elle et savoure le calme voluptueux de sa solitude.