vendredi 18 mars 2011

490 : jeudi 17 mars 2011

Que l’on imagine difficilement Léon se promenant avec un rat sur l’épaule constitue-t-il une preuve du conformisme ambiant ?

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Autour de lui, de l'herbe broutée par des vaches dans des champs ondulant. Des jonquilles bordent le chemin, les primevères naissantes émettent un parfum sucré se mêlant au vent salé venant de la mer à côté. Le ciel vibre du printemps à venir, les mouettes chantent et se poursuivent gaiement. De tout ceci, il ne voit rien : il est trop occupé à regarder des photos de la région sur son téléphone.


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Ellipses, éclipses. Trajectoires au hasard. Ils s'enfoncent dans l'horizon de plus en plus profond. Perdus, peut-être, à l'affût. Recherchant un refuge. Leur vue se trouble là tour à tour. Et pourtant ils veillent. Et surveillent leur fatigue. Machinal : brisés, bruits du souffle, symphonies éphémères. La buée sur les vitres face aux yeux. Incertains, ensembles aléatoires, sans définition... Nous ne voyons pas les eaux tourbillonnantes autour de nous.


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Arrêt sur image Une ville s’éveille. Un volet s’ouvre, une tête apparaît, puis un bras. C’est une femme âgée, toute fripée. Elle se penche, ses petits yeux furètent partout, puis d’une voix grêle, elle appelle son chat. Il n’est pas très loin, le coquin, il l’entend, s’étire et d’un pas nonchalant, se dirige vers l’entrée de sa maison. Je m’éloigne doucement. Des pas sur le trottoir, un peu lents, hésitants, un vieil homme passe, derrière lui, un petit chien trottine. Plus loin, une porte claque. Je m’arrête devant : une merveilleuse odeur de café chaud titille mes narines. En face, un homme pressé, encombré de dossiers, cherche maladroitement ses clefs de voiture. Il me voit et m’offre un sourire en forme de grimace. Le camion des poubelles passe et m’empêche de lui rendre son sourire. Je me colle contre le mur, écoute les sons annonciateurs d’une nouvelle journée. Un bébé pleure en haut de l’immeuble, une jeune voix tente de le calmer. Des voitures passent, un vélo freine tout à coup, là, tout près, deux personnes se saluent et entament une conversation animée. A ma gauche, je reconnais le terrible couinement de la grille poussée par le marchand de journaux. Et aussitôt les voix tonitruantes des habitués. Un peu plus loin, une femme chantonne tout en frottant énergiquement de son balai brosse le pas de sa porte. Je reconnais le tintement de la sonnette de la boulangerie : une maman en sort, traînant par la main deux gamins dévorant une brioche. Une cavalcade, quelques collégiens détalent, soucieux d’attraper leur bus. Leurs rires résonnent longtemps à mes oreilles. Devant le bar, quelques jeunes gens martèlent le sol tout en fumant leur première cigarette. Les rues se peuplent, les « bonjour », « bonne journée », « à ce soir » fusent, ce fourmillement de vie, tel un orchestre qui s’accorde, me transporte de joie.