samedi 19 février 2011

463 : vendredi 18 février 2010

Rien à ajouter... si tu comprends pas comme ça... barre-toi, va-t-en... ici ce n’est pas un nid... c’est un espace privé... voilà... privé et c’est pour ça qu’on entre pas. Que moi... Quoi ? Je bricole ? Oui, tu peux le réduire comme ça... ça fait frôler l’insignifiance. Alors que ce n’est pas le cas... ici, c’est l’atelier de mon Vraimoi. Tu comprendras que ça prends un peu de temps à fabriquer, ça ne sort pas d'un bond de la cuisse de Jules, un Vraimoi... Tout ce que tu veux, c’est élargir ton périmètre ce qui réduirait le mien... tu parles, me faire prendre l’air... mon œil, tu veux m’envahir... ça te travaille hein, quelque chose qui t’échappe… Tu n’imagines même pas ce que c’est. Faut que tu me lâches la bride, que tu te mettes en off. Grosse difficulté pour qui veut régner sur tout. Mon Vraimoi veut pas de ta fraise. Vraimoi me dit de te dire : basta, plus de parlotes, adieu le blabla. Aux abonnés absents, il me prie de te transmettre ses bons sentiments... Personnellement je ne t’en veux pas, c’est entre lui et toi que ça se jouerait... Et si mon réduit du fond du jardin t’est interdit, c’est pour la bonne cause. On ne transige pas avec son vrai soi, cet authentique noyau d’intégrité qui ne se découvre pas à la bonne franquette. Que nenni, des efforts continus vers le nombril sont nécessaires, durée autant qu’intensité… Chère amie, tu n’as pas idée... je te déconseille toute autoanalyse. Et si ça t’amuse de rester à la porte, et bien le paillasson fera ton affaire. Moi, je garde le passage, tout en bricolant à l’émergence du phénomène… Je ne suis que le sujet du Vraimoi, comprends bien... c’est dans ce minuscule royaume que je me creuse le ciboulot pour lui donner forme, j’ajuste et je déguste. Alors lâche mon morceau, va voir ailleurs si je m’y trouve, fais-moi des congés gratuits. Non, il n’est pas question que cette porte s’ouvre, ni que j’en sorte. Et encore moins que tu me rejoignes. Cette fois-ci, rien à rajouter. Même pas une queue de quetsche.


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« Léon !... »

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Aurélie est debout depuis si longtemps qu'elle ne sait plus... elle ne sait plus rien. Elle vacille, s'allonge sur le canapé. La fatigue sans doute de cette année en plus, ou bien encore des verres enchaînés au fil de la journée. Elle a trinqué avec le concierge avant de partir, le cafetier, puis la standardiste en arrivant. Puis ses collègues de travail, son patron, sa secrétaire, sa rivale exubérante de ses 2 kilos de moins qu'elle, et l'autre là, en face, avec qui elle n'échange jamais que des incivilités. Il lui a amené de la Chartreuse : "allez la vieille, on va voir si ton estomac le supporte". Ensuite les copines en mode apéro, puis un dîner surprise chez son père et sa belle-doche. Elle est chez eux, encore, lorsqu'elle se relève soudainement du canapé duquel elle regarde le monde tourner, et tente d'attraper son téléphone. Toute la journée, de verre en bouteille en toast, un coin de sa tête tentait vainement de lui rappeler quelque chose, mais quoi, elle en savait pas et préférait lever une fois encore le coude ou réciter des vers... Quelques minutes plus tard, elle parvient à l'allumer et faire le numéro. "Allô chéri ? tu ne m'attends plus au restaurant j'espère..."


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Je ne conduis pas. Je regarde les voitures doubler malgré le brouillard qui nous enveloppe. C’est la première fois que je suis ébloui alors que la brume est partout. Le soleil doit être tout proche, se refléter dans les particules épaisses suspendues dans l’air. Je ne connais pas mon conducteur. Il ne me connaît pas non plus et nous n’avons pas envie d’engager la conversation plus que ça. Je me laisse glisser dans le silence et cette vive blancheur vers une destination que je crois connaître. Mais peut-être que cette fois, ce sera différent. Je voudrais que ce moment de silence et d’incertitude dure le temps du voyage, des heures de calme emmagasinées.