mardi 1 février 2011

445 : lundi 31 janvier 2010

Léon se fit très discret après la mort de monsieur William : être né le jour même où débuta l’affaire Dominici ne risquait-il pas d’éveiller les soupçons ?

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Nicolas presse le pas. Il a rendez-vous dans le café à côté de chez Emma. Il aime sa sœur plus que tout. Il a réussi à convaincre l'écrivain dijonnais qu'elle adore de venir lui rendre visite, une visite surprise. Pourtant, l'écrivain fuit les rencontres, donne rarement d'interviews, fréquente peu le milieu littéraire et préfère se cacher derrière son œuvre. Nicolas lui a écrit une lettre où il lui disait : Pendant que vous tentez en vain de compter 808 brins d'herbe, ma sœur compte les jours qui lui restent à vivre. L'écrivain a accepté de la rencontrer. Il est descendu la veille à l'hôtel Azur et déjeunera avec son éditrice ce midi avant de repartir à Dijon. Il attend Nicolas dans le café qui jouxte l'immeuble d'Emma. Il prend des notes pour son blog. Nicolas qui n'entend rien à la littérature se demande bien ce qu'il va lui dire pour ne pas paraître plouc. Que ne ferait-il pas pour sa sœur ? Le café est en vue, une femme en sort, vous avez reconnu Camille.


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Il est tout de même parvenu à le prendre de haut, du plus haut de sa médiocrité qu’il abaissait ainsi davantage encore, mais d’où il avait considéré que celui pourtant bien plus doué que lui ne pouvait se trouver qu’en contrebas, puisqu’il se trouvait présentement en demande auprès de lui, comme parfois, rarement, et avec une simplicité naturelle qui semblait rendre gratuite toute attitude agressive à son encontre. Il était capable d’humilier des pas fiers, et d’estimer qu’il avait bien joué le coup. C’était finalement un capacité dont tous n’étaient pas pourvus.


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C’était le coup de gueule déplacé d’un collègue, dès la réunion d’équipe du lundi, qui aurait été justifié pour autre chose, à un autre moment, c’était en fait un coup de gueule contre un état plus général des choses, mais déplacé ce jour et sur ce sujet, un coup de gueule trop à l’étroit et particulièrement contre cet autre collègue. Avoir peur que deux camps se forment, avoir peur que persiste cette animosité entre ces deux là, avoir peur de devoir choisir son camp et tout faire, tout dire ou tout taire, pour rester entre deux, indécis mais sûr de soi et, au final, laisser couler, attendre et espérer que la situation s’apaise et rejoigne, finalement, cet état plus général des choses contre lequel le coup de gueule avait été poussé.


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Elle est en sécurité dans cette voiture aux odeurs de cuir. Rien ne peut l’atteindre. Pas encore. Elle aimerait qu’il revienne. Cahotée par les rebonds, Elle m’endormira, bercée et tranquille, comme un enfant, la tête calée contre la porte de la voiture. En attendant, elle a froid, et n’ose mettre le chauffage de peur de vider la batterie. On ne sait jamais avec ces voitures. Ce n’est pas la sienne. Alors elle reste immobile, la main posée sur la porte le long de la fenêtre, le cou raide et les doigts un peu gelés. La porte de l’immeuble s’ouvre enfin et elle vois sa silhouette un peu floue se détacher de la lumière de la rue. La portière fait un bruit sourd alors qu’il la referme. C’est bon, dit-il en soufflant. Il pose la clé sur le tableau de bord et fait démarrer la voiture.