dimanche 3 octobre 2010

325 : samedi 2 octobre 2010

La catastrophe, au fond, personne ne savait ce que c’était. Enfin, beaucoup de gens avaient leur avis, et disaient que c’était ceci, cela ou encore autre chose, il y avait de multiples versions même si la majeure partie de la population n’en aurait rien su dire, hormis l’évocation de sentiments diffus et d’impressions vagues, et qui aboutissait toujours au constat d’un violent malaise général. Malgré cette inconsistance de faits avérés, la catastrophe était dans toutes les têtes, et dans les conversations et la presse ainsi désignée - la catastrophe. Celles et ceux qui défendaient un avis arrêté sur sa nature et ses causes pointaient du doigt quelques incidents isolés et les désignaient comme preuve de leur version, ajoutant que ce n’était là que la partie émergée d’un immense iceberg cataclysmique, invisible et pourtant déjà bien là, au sujet duquel on pouvait faire des suppositions d’ampleur et d’intensité, ainsi que des projections d’événements précis qu’il engendreraient. Au fond, la plupart des gens ne savaient pas si la catastrophe étaient déjà arrivée ou pas encore, mais il leur semblait que le futur proche serait épouvantablement malheureux. C’était en tout cas un événement psychique majeur, imaginaire et bien réel. La véritable catastrophe, finalement, c’étaient peut-être les conséquences factuelles d’une catastrophe jamais advenue hors des esprits.