samedi 3 juillet 2010

233 : vendredi 2 juillet 2010

Ils devinaient les structures, comprenaient leur sens mais ne s'expliquaient pourtant pas leur existence. Ils savaient différents niveaux, plusieurs plans s'enchevêtrant en un invisible labyrinthe de barbelés, transmissions aléatoires du courant dépendant de la distance de position et de la présence ou non d'éléments conducteurs. La cristallisation des fréquences ne faisait aucun sens mais leurs transmutations ponctuaient les rythmes diurnes et nocturnes. Au petit matin alors que deux oiseaux chantaient une alarme de voiture s'était déclenchée au même moment que la sonnerie du réveil. Nature sauvage de l'environnement urbain et mystère de ses routes et artefacts, de circulation réseaux de canalisations souterraines; ces derniers, tuyaux et bouches d'égout, conduits d'eau ou de gaz , ayant ces derniers temps pris une toute autre importance, vue la hausse du cours de certains métaux avec l'industrialisation des pays émergeant.

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On se faufile précipitamment dans les herbes hautes, on a entendu un bruit, et un petit bond à suffit pour voir qu’il était raisonnable de ne rien attendre de bon de ce qui l’avait provoqué. Avant de fuir, on s’était donné quelques secondes d’attention tendue, un mouvement se rapprochait dans la prairie, des vibrations qui ne tarderaient pas à se faire vaguelettes dans le pâturage se propageait. Alors l'échappée, il fallait partir au loin, hors d’atteinte et dès à présent hors de vue, c’est-à-dire qu’on ne bondirait pas dans sa course, pour se maintenir masqué par l’épaisseur végétale de la prairie. On sent qu’on sera plus lent, mais on sent que c’est préférable. Et même ainsi, on court plus vite qu’un homme, même si on ne le sait pas. L’homme, lui, le sait, et c’est pour ça qu’il dispose d’outils pour pallier les lacunes de son corps. Quand on s’arrête un instant pour éprouver la situation, on entend toujours les mouvements de la menace, même si plus lointains et plus atténués. La fuite se poursuit, il faut franchir le talus, quelques fractions de secondes à découvert et on sera à l’abri, on ne sait pas ce qu’est une seconde mais on sent ce que c’est que très bref et très soudain. On ne verra pas cette fois l’autre côté du talus, on n’entendra pas la détonation sortie de l’outil de l’homme, on n’éprouvera ni ne ressentira plus rien avant de voir l’un et d’entendre l’autre. Le monde aura disparu. Le monde disparaît entre ce qui déclenche la détonation et la détonation.