lundi 8 mars 2010

116 : dimanche 7 mars 2010

"Je vous écris d'un pays lointain" (5) Plus tard, je parlerai maison dans missive ultérieure. Tellement sur à dire encore. Mais aujourd’hui vous signaler un point de la langue ici. Jamais entendu qu’ainsi dans autre aucune. Détail qui souvent revient dans mon crâne y marcher en fantôme. Vie entière, je crois, en chercher clé. J’ai cherché dans dictionnaire de langue vôtre si belle. Deux mots chez vous pour. Ici, un seulement pour dire désir et nostalgie. Étrange est langue nôtre. Confusion me semble, et grand tiraillement. J’ignore comment nous pouvons vivre en tel mélange. Pour ça peut-être qu’élans fatigués chez nous si caractéristiques. Comme si retenus par cordes chaque fois qu’aller avant. Tellement d’efforts et ne jamais au but toucher. Grand manque inscrit profond, et grande brouille du dedans. Jamais capables que passé nous quitte, toujours à remuer quand ce que vous dire désir. « Remuer vase, amer présent », c’est dicton d’ici très juste, pourtant. Oui, si grande malédiction que seulement vouloir pour élan au futur. Bien à vous, …

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La mer est barrière et chemin et le rivage une bordure double, le pourtour de la mer devant soi ou la lisière des terres qui nous font face. On peut se sentir perdu d'être trop loin de la mer, séparé d'elle par trop d'épaisseur de sol étalé - la ville peut le faire oublier en se faisant rivage. Ou se sentir égaré sur le littoral, se trouver sans profondeur en marge de continent. Plus libre d'aller en toutes directions ou bien plus libre face à une liberté superlative et sublime, mais qui sera mal la nôtre, qui ne serait la nôtre qu'au prix d'une terrible fragilité, et d'un enfermement en espace limité. L'étendue terrestre, sur sol ferme, cache souvent le sublime qu'elle recèle mais peut se faire océan par son étendue même. Marcher alors pour trouver la fragilité du marin et embrasser la terre plus près du cœur qu'on lui prête, qu'on lui veut.

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L'heure de la peur (1) Elle était à n'en pas douter, une piètre mère doublée d'une psychopathe de haut vol. Les hommes la fréquentaient tant qu'ils restaient loin de sa progéniture. C'était aberrant de les voir ainsi, me confiait Jean-Yves, son dernier amant. Lorsqu'il fut invité pour la première fois à son domicile, Nadine avait omis de lui faire visiter le premier étage ; bizarre quand on sait que s'y trouvent un salon télé, deux chambres et une bibliothèque. Le rez-de-chaussée reflétait, quant à lui, un faible intérêt pour la décoration. Un tissu bleu gris recouvrait les murs et la cuisine, fonctionnelle, avait gardé les traces d'un heurt sanglant. Un tire-bouchon avait servi de pic et de la chair brune remplissait la spirale. Le crime devait avoir eu lieu une journée avant. Le sang à l'aspect sirupeux et brunâtre l'attestait. Je me décidai à photographier la scène car les corps étaient disposés de façon circulaire. Il y avait une logique particulière mais laquelle ? Je ne le savais pas encore... Je dirais même qu'il y avait dans cette pièce une esthétique de l'horreur. Le déclencheur de mon Zenit eu le temps de ne retentir que deux fois avant l'arrivée des poulets. Je sautai alors par dessus la rambarde du balcon et courus rejoindre ma Renault. Je suis Martin Leroy, journaliste d'investigation pour L'Heure de la peur.